Les institutions abracadabrantes imposées à la Région bruxelloise portent pleinement leurs fruits depuis 542 jours : son exécutif se fait toujours attendre. Les obsédés du “budget” n’ont évidemment que ce mot à la bouche, ignorant sans doute qu’un budget découle de choix politiques, et pas l’inverse. On comprend l’obstination de la droite et de la droite extrême (Engagés et MR) à vouloir forcer la réalité puisque les urnes leur ont donné tort, mais la démocratie ce n’est pas ça. Même si le MR avec ses 19 députés (sur 72) est le “premier parti” au Parlement de la Région, c’est insignifiant par rapport à la majorité de gauche clairement sortie des urnes. Oublions donc les éructations du franc-borain, dont on se demande de quoi il se mêle, et posons-nous les bonnes questions.
Qu’attendent les partis francophones généralement considérés “de gauche” pour prendre l’initiative ? Le PS, le PTB et les Écolos, respectivement 17, 15 et 7 sièges, réunissent 39 sièges et donc la majorité des députés francophones. MR et Engagés qui nous bassinent depuis 542 jours n’en ont que 27.
La majorité communale mise en place à Forest depuis des mois réunit ces trois partis de gauche et donnent tous les signes de bonne santé politique. Pourquoi cela serait-il impossible à la Région ?
Reste la question de la majorité flamande à trouver dans son quota de 17 députés. Première considération : c’est à elle et pas à nous les 90% de Bruxellois francophones de décider. Les trois partis proches de la majorité de gauche francophone réunissent 2, 1 et 4 députés, soit deux de moins que la majorité du quota flamand. Après Groen et ses 4 sièges, c’est la Team Ahidar qui est arrivée en second avec ses 3 sièges. Il ne faut pas la Médaille Fields pour entrevoir une solution.
Le problème ne se trouve cependant peut-être pas là. Il est clair que la Région est en difficulté financière et qu’elle va devoir faire des arbitrages, parfois douloureux, faute de pouvoir accroître ses moyens de façon substantielle. Il semble donc que personne ne veuille porter ce chapeau-là à gauche. Il nous semble pourtant qu’en s’en expliquant franchement avec la population bruxelloise et, surtout, après l’avoir largement consultée à travers ses corps intermédiaires, un exécutif de gauche devrait pouvoir se lancer sans assimiler sa décision à un suicide politique.
Allons donc, que la rue du Lombard prenne exemple sur la rue du Curé. C’est de saison.
Une opinion de Thierry Bingen
Illustration:
Maison communale de Forest
Date : 20 octobre 2007
Source : Wikimedia / Own work
Auteur : Falken
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