Le Mouvement Demain tient tout d’abord à témoigner sa solidarité totale avec tous les travailleurs de chez GSK. Ceux-ci voient désormais peser sur leur tête l’épée de Damoclès d’un licenciement collectif massif.

L’annonce de la multinationale GSK est choquante à plus d’un titre.

Premièrement, ainsi que cela a été amplement commenté déjà, en raison du fait que la firme GSK réalise de plantureux bénéfices et bénéficie d’un régime fiscal lui permettant d’éluder quasi totalement l’impôt des sociétés. Via la procédure Renault, ce sont pourtant très largement les autorités publiques qui supporteront le coût du licenciement collectif annoncé.

Deuxièmement, et ce n’est pas le moindre des éléments, parce que GSK profite largement de l’argent public investi pour la recherche médicale dans nos Universités, ainsi que dans le développement de produits dans des spin-off lancées avec de l’argent public.  Il dispose également d’un régime fiscal très favorable pour ses propres chercheurs.  Bref, la collectivité assume une large part des coûts de recherche et de développement de produits que commercialise ensuite, avec de plantureux bénéfices, la multinationale.

Troisièmement parce que la firme GSK vit littéralement sous perfusion d’argent public à travers le remboursement par la Sécurité Sociale de ces mêmes médicaments, lesquels sont vendus très souvent à un coût difficilement justifiable.

Ce licenciement est en outre la conséquence d’une dérive croissante dans de nombreuses entreprises privées.  GSK a reversé des dividendes croissants ces dernières années, dividendes qui ont parfois dépassé les bénéfices nets de l’entreprise. Il s’agit d’une logique de prédation actionnariale qui impose directement des licenciements comme variable d’ajustement, menace l’investissement, et potentiellement à terme la survie même de l’entreprise.

Le gouvernement wallon a annoncé une action auprès de la direction de GSK afin d’amortir le choc et de limiter le nombre de licenciements.  A nouveau, de l’argent public sera très probablement déversé afin de convaincre la multinationale de licencier moins ou de couvrir des départs anticipés à la retraite. C’est à nos yeux une stratégie inefficace et résignée.

Le secteur pharmaceutique est un secteur en forte croissance (vieillissement de la population et augmentation des pathologies traitées) et stratégique pour notre société. Contrôler davantage les produits mis sur le marché, leur coût, pouvoir orienter mieux les secteurs de recherche et fixer des priorités, est essentiel.  Aujourd’hui, les firmes pharmaceutiques concentrent massivement leur activité dans le développement des mêmes types de traitement, des mêmes médicaments. C’est une perte d’argent énorme qui se répercute sur le prix des médicaments et doit être absorbée par la sécurité sociale. En même temps, on délaisse des pans entiers de la recherche, jugés peu rentables.

En conséquence, le Mouvement Demain estime que nous devrions mieux contrôler ce secteur. Nous ne devons plus laisser partir le fruit de la recherche publique au profit de tels acteurs mais plutôt développer progressivement un portefeuille de brevets publics et une capacité de développement (voir de production) locale de médicaments sous contrôle public. Il s’agit de mettre un frein à notre dépendance à l’égard des multinationales du secteur.  A notre estime, les investissements que ceci nécessite seraient largement compensés en contournant la rapacité des actionnaires.

Communiqué fédéral du 7 février 2020

 

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