- Cet évènement est passé.
Rassemblement de soutien à Julian Assange
4 janvier 2021/17 h 00 min - 18 h 00 min
A L’OCCASION DU VERDICT RENDU CE LUNDI 4 JANVIER 2021 DANS LE PROCES D’EXTRADITION DE JULIAN ASSANGE,
UN RASSEMBLEMENT DE SOUTIEN EST ORGANISE DEVANT L’AMBASSADE BRITANNIQUE , DE 17 à 18H
( Carrefour Rond-Point Schuman et avenue d’Auderghem, station de métro Schuman et nombreuses lignes de bus)
Bonjour à tous,
Demain matin lundi 4 janvier 2021, sera prononcé à Londres, à 11H de notre heure, le verdict du procès d’extradition de Julian Assange.
Dans le cas où l’extradition est prononcée – ou même si elle est rejetée – bien sûr des appels sont possibles par la défense ou l’accusation, d’abord devant la Cour d’appel de Londres ( la « High Court ») et encore après devant la Cour suprême si cette possibilité est acceptée, ce qui n’est pas sûr. Il n’est pas exclu non plus que l’extradition soit refusée pour certains motifs et acceptée pour un autre.
In fine, c’est le pouvoir politique qui tranchera – la Ministre de l’Intérieur, Priti Patel, mais en fait le gouvernement, vu l’importance de cette décision. La première décision est évidemment essentielle, il sera plus facile de défendre une décision en faveur d’Assange si elle est contestée en appel par les USA que la situation inverse.
L’enjeu du procès est majeur et il ne peut être réduit à Julian Assange seul. D’abord les collaborateurs de WikiLeaks ainsi que d’autres journalistes et la réalisatrice Laura Poitras sont d’ores et déjà visés. Un verdict défavorable serait un mauvais signe pour eux.
Il serait aussi un grave précédent pour la liberté de la presse, la liberté d’informer et d’être informé. Le procès d’Assange extradé se poursuivrait devant des tribunaux américains – s’il survit à l’extradition et à l’emprisonnement en prison de haute sécurité américaine. Mais qui peut accepter cette perspective d’une puissance capable d’aller chercher partout dans le monde des journalistes qui lui déplaisent ?
En outre, que ce soit la perspective, la peine probable infligée, ou même tout le processus qui l’aura précédée avec harcèlement et emprisonnement préalable, tout cela constituera la plus puissante intimidation de nombreux journalistes et médias dans le monde : ils ne pourraient plus se sentir à l’abri de poursuites lancées par une grande puissance, américaine dans ce cas, mais aussi, dans d’autres cas à venir, par toutes celles qui ne manqueraient pas de suivre cet exemple au niveau international, alors qu’elles répriment déjà la liberté d’informer chez elles.
Il est aussi remarquable que cette répression particulièrement emblématique s’abatte sur l’homme qui a eu sans doute, au début de ce 21ième siècle, la vision la plus clairvoyante des évolutions du pouvoir – et de son exercice par ses principaux acteurs -, dans l’ère nouvelle de l’internet généralisé. Il en a repéré les extraordinaires dangers, mais aussi les atouts pour une résistance démocratique renouvelée.
Dans toute cette saga, un évènement passé un peu inaperçu m’a paru particulièrement porteur de sens : fin du printemps 2011, Assange est reclus, en résidence surveillée dans l’Est londonien. Avec sa mauvaise réputation, le costume qu’on lui taille de terroriste high tech, soi-disant agresseur sexuel (une affabulation abandonnée depuis), visé par des appels au meurtre aux USA, il commence à être lâché par de nombreux médias jadis ses alliés. Trois visiteurs lui demandent un long entretien, qu’il accepte. Il s’agit d’Eric Schmidt, grand patron de Google, de Jared Cohen, le directeur de Google Ideas, une filiale très importante de conception des outils du futur de Google, et proche d’Hillary Clinton, et de Lisa Shields, vice-président du plus important think thank proche du Département d’état – une proche de Clinton aussi.
La question, lecteur : pourquoi le patron de la boîte la plus puissante pour dessiner l’avenir du monde, entouré de gens proches d’une grande ennemie d’Assange, viennent-ils rencontrer, pour une longue journée d’entretien ,le proscrit numéro 1 des Etats-Unis ?
On peut ne pas aimer tout ce qu’Assange a fait, ne pas toujours le trouver sympathique, mais en tout cas il s’agit de lui reconnaître son rôle majeur dans la perception des enjeux du futur, et dans la mise au point d’outils pratiques pour y faire face ; et comprendre que c’est pour cette clairvoyance là qu’il est l’objet de cette chasse. Il l’avait d’ailleurs anticipé lui-même en disant : « Ils me poursuivront jusqu’au bout du monde, ils feront de ma vie un enfer, mais c’était de mon devoir de m’assurer que le public voit ces informations ».
Bien à tous
Marc Molitor
Trois documents récents particulièrement intéressant éclairent aussi ce procès
– l’interview de l’avocate australienne d’Assange, Jennifer Robinson (traduction française en document attaché)
– l’interview du rapporteur de Nils Melzer, rapporteur de l’ONU contre la torture et les mauvais traitements ( en septembre, avant le procès, mais très pertinent)
source: https://www.exberliner.com/features/julian-assange-trial-2020/nils-melzer-assange/)
– Une interview radio très éclairante d’Antoine Veyt, avocat français d’Assange.
