Le 16 septembre aura lieu la création d’une fresque par un groupe de quatre artistes en hommage au collectif « Forces Murales ». L’événement prendra place dans le cadre de Manifiesta (festival du journal Solidaire).

Une exposition des œuvres de Forces Murales, sous le titre « Résistance/Verzet » a déjà commencé au Centre Staf Versluys à Bredene. Elle fête les 70 ans du collectif, jusqu’au 1er. Octobre (l’entrée est gratuite).

Forces Murales est un collectif fondé en 1947 par Edmond Dubrunfaut, Louis Deltour et Roger Somville, qui publient un manifeste en faveur d’un «art public exaltant la vie et le travail des hommes, leurs luttes, leurs souffrances, leurs joies, leurs victoires et leurs espoirs ».

Nous sommes dans le contexte de l’après-guerre, de la reconstruction et de la bipolarisation du monde. En Belgique, le Pacte social -négocié entre le patronat et les syndicats clandestins- est mis en place… mais c’est surtout l’ascension du Parti communiste qui marque la scène politique.

Le PCB dispose  d’une forte aura de légitimité par son action dans la Résistance ; Il est le troisième parti du pays et participe aux gouvernements où il y gère des portefeuilles ministériels importants.

Le Parti a largement recruté dans les bastions industriels élargissant son assise parmi les couches intermédiaires de la société : « les enseignants, les fonctionnaires, les intellectuels, les artistes et appuie son action sur une pratique culturelle au profit du processus de libération du peuple qui n’est pas sans rappeler l’idéologie du Front populaire en France dix ans plus tôt »[1] écrit Ludo Bettens, commissaire scientifique de l’exposition Forces Murales, un art manifeste [2].

Ainsi, ce qui unit le collectif « Forces murales » est non seulement le manifeste et les sujets abordés mais aussi les supports de leurs œuvres. Ces supports doivent être à portée collective (tapisseries,  vitraux, peintures monumentales, céramiques murales, etc.).

On note des influences multiples : Pablo Picasso, Fernand Léger, Jean Lurçat, les muralistes mexicains, le réalisme social,…. Et des thèmes privilégiés, les luttes du mouvement ouvrier mais aussi  le pacifisme, le soutien face à la répression des militants, aux sans-abris, à l’enfance…

Les œuvres de Forces Murales se retrouvent aussi bien dans des habitations sociales que dans des stations métros tandis que d’autres furent créées pour des événements exceptionnels comme le trentième anniversaire du PCB en 1951.

Le collectif s’est étiolé en 1953 mais son influence perdure et le d’autres qui ont pris le relais… jusqu’à aujourd’hui.

Le projet de la fresque à « Résistance/Verzet »

A l’occasion de l’événement « Manifiesta » ce prochain 16 septembre, un groupe de quatre artistes belges créera une nouvelle fresque.

Leur travail de « Résistance » de la gauche combative, qui résiste au néolibéralisme, aborde des questions importantes, encore les mêmes que celles qui occupaient les fondateurs de Forces Murales : l’accès à l’art, le statut des artistes, etc.

Certaines autres questions sont neuves : le street-art qui se développe, l’urgence des désastres écologiques qui donnent naissance à de nouvelles luttes donc à de nouvelles images, revendications.

Connaissant des situations différentes, les quatre artistes chargés de la fresque, Julie Duquesne, Caliban Ramirez, Benjamin Alvarez et Nemo, ont lancé un crowfunding (financement participatif) sur le site kisskissbankbank ; Ils ont besoin de votre aide pour arriver au bout. Nous en sommes à 74% du financement nécessaire.

Aussi, ce court article n’est pas seulement une invitation à visiter l’exposition « Résistance/Verzet » mais également un appel à la solidarité financière de ceux qui comprennent que la bataille culturelle doit prendre une place dans nos luttes.

Voici le lien vers le crowfunding :  https://www.kisskissbankbank.com/la-resistance-het-verzet qu’il soit partagé un maximum pour permettre la réussite de l’événement… et de ses possibles suites

Il est encore intéressant de noter que les influences de ces quatre artistes varient : Caliban Ramirez, a été l’élève de Roger Somville mais est aussi marqué par les Brigades Ramona Parra, organisation communiste chilienne qui réalisa de grandes peintures murales sous l’Unité Populaire (gouvernement des gauches dirigé par le président socialiste Salvador Allende). Ces traditions de fresques murales sont encore bien vivantes au Chili, au Venezuela et, en général, un peu partout en l’Amérique latine. Avec Benjamin Alvarez, ils ont tous deux (avec d’autres encore) réalisé la fresque murale du centre bruxellois Garcia Lorca à la rue des Foulons. Et des travaux de Nemo et de Julie Duquesne, il y aurait encore tant de choses à dire. Ces quatre artistes-là ont déjà réalisé des œuvres magnifiques et sont à la hauteur de la tâche qui est la leur : rendre hommage à Somville, Deltour et Dubrunfaut et en même temps continuer le combat culturel et social.

Une opinion de Maxime Ramirez, étudiant en histoire à l’ULB.

[1] Bettens, L., « Exposition 08/05 – 28/06. Forces Murales, un collectif ancré dans son temps », Animations d’éducation permanente, IHOES – Institut d’histoire ouvrière, économique et sociale, 2009, p. 5. [En ligne]. <http://www.ihoes.be/Forces_murales_Art_manifeste/pdf/Forces_murales_collectif.pdf>. (Consulté le 1 septembre 2017).

[2] Exposition qui prit place au Musée de l’Art wallon en 2009 avec la collaboration de l’IHOES.


Sources :

« Forces Murales, un collectif ancré dans son temps » par Ludo Bettens. Article disponible sur le site de l’IHOES et des Beaux-Arts de Liège avec d’autres textes sur l’exposition dédiée à Forces Murales :

« Résistance : l’art engagé s’expose à Manifiesta » par Stéphanie Koplowicz. Interview des « grands enfants » Somville, Deltour et Dubrunfaut

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