La fermeture du viaduc Herrmann-Debroux est l’occasion de mettre en lumière le fait qu’aujourd’hui, la mobilité dans notre pays (et partant quasi toute l’économie) est complètement dépendante de la route.  Ainsi, il suffit qu’un viaduc laisse apparaître des fissures sur une longueur de 10 mètres pour que soit ébranlée toute la mobilité bruxelloise.

Pour le Mouvement Demain, tout ceci amène à quelques constats sur l’absurdité de la logique actuelle :

  • Tout d’abord sur l’échec du modèle du « tout à la route ». Au-delà du fait que la voiture ait représenté une révolution dans notre droit à la mobilité et des répercussions de son impact environnemental majeur (22% des émissions de gaz à effet de serre), elle constitue un échec avéré comme moyen de transport dans des pays densément peuplés comme le nôtre. La multiplication des infrastructures routières et autoroutières (+10% de routes en Wallonie depuis 1990 par exemple) ne fait qu’accentuer l’engorgement dans et autour des villes. Les ralentissements sont le lot quotidien. En outre, le coût de leur entretien ne cesse de croître. La dégradation de ces infrastructures est accélérée par le tout-camion (plus de 75% des marchandises transportées) et l’absence de réglementation et d’investissements en faveur d’une transition vers le ferroutage (à peine 11%) et le transport par voies fluviales (13%) qui sont aujourd’hui marginaux.  Notons que les entreprises publiques montrent le mauvais exemple, comme bpost qui a abandonné le transport par train (via ce que l’on dénommait la « croix de fer ») au profit du « tout au camion », et ce pour des raisons de profits à court-terme.
  • Ensuite sur l’absence d’alternatives confortables et rapides. Les dernières heures, la SNCB s’est attelée à proposer à la hâte quelques solutions mais à l’heure où le RER est invariablement repoussé aux calendes grecques, on est loin d’une solution pérenne et structurelle. Le sous-investissement chronique de notre pays en terme de transports en communs n’est pas sans conséquence.  Le réseau de voies ferrées et aujourd’hui moindre qu’il y a un siècle, le temps de parcours est plus long qu’il y a 20 ans sur de nombreuses lignes, des gares ont été fermées, des lignes supprimées, et le personnel de la SNCB a baissé de plus de 17.000 équivalents temps plein en 20 ans. Comment assurer un service de qualité dans de telles conditions ?
  • Enfin sur l’utilité et l’impact de nombreux déplacements. On estime que la pollution de l’air est responsable de quelque 12 000 décès prématurés par an en Belgique, dont 620 à Bruxelles. Il faut réduire le transport de marchandises et s’attaquer à la multiplication des déplacements liées à la délocalisation des productions.  La relocalisation économique qui est au cœur de notre projet sera l’occasion de faire baisser largement ces déplacements qui créent de l’emploi dans le secteur du transport et de la logistique mais en détruisent bien d’avantage dans tous les secteurs économiques délocalisés. Il faut s’attaquer également aux déplacements inutiles des personnes.  Il est notamment temps de mettre fin à la centralisation aujourd’hui de vigueur et qui conduit chaque jour des dizaines de milliers de voitures à entrer dans Bruxelles.  Il faut décentraliser les administrations. Il faut créer des centres de co-working proches des lieux d’habitation et accessibles facilement en transport en commun. Les autorités publiques devraient mettre en service de tels centres dans toutes les villes wallonnes.

En boutade un peu cynique, on regrettera pour finir qu’il est piquant de constater que la célérité observée pour fermer un viaduc fissuré et trouver des alternatives ne semble pas de mise dès lors que les fissures se trouvent dans une centrale nucléaire. Pourtant, en terme d’énergie également, il est temps de changer de modèle.

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