L’année 2024 commence fort, c’est le moins que l’on puisse dire. Bien sûr, la colère du monde des agriculteurs ne va pas s’éteindre tout de suite… Tant la Commission européenne refuse de sortir de son rapport psychorigide aux traités de « libre commerce international » et à son élargissement au « monde libre ». Et pourtant, cet attachement à la liberté proclamé haut et fort semble faire bien peu de poids face aux diktats de l’agro-business, quand il s’agit de rétropédaler sur l’interdiction de pesticides dangereux pour la santé des agriculteurs, pour la biodiversité et, finalement, pour le bien-être de toutes et tous.

Quand elle parle du « monde libre », Ursula von der Leyen pense à l’Ukraine, à la Turquie, à Israël, au Maroc… Bref, aux alliés solides des USA dans la région. Beau mélange de démocraties malmenées et nationalistes, de régimes qui mélangent religion et politique (mais une démocrate-chrétienne allemande n’en sera jamais choquée !), au niveau de corruption inquiétant, au droit du travail affaibli… ces pays sont tous engagés dans des conflits de haute ou basse intensité. Le « repartage du monde » accouche avec violence d’une confrontation entre vieux et nouveaux blocs.

Que peut la Gauche dans un tel contexte ? D’abord, celle-ci devrait avoir pour centralité des principes qui sont fondamentaux pour le Mouvement Demain et que nous nous devons de sans cesse rappeler. Dans la séquence actuelle, il faut intelligence, prise de temps pour l’analyse et cohérence. Il y a crise et multi-crises. Face à la crise du système alimentaire européen, le Mouvement Demain plaide, avec d’autres comme la FUGEA, pour la sortie ordonnée des accords de libre-échange déjà en vigueur, l’arrêt des négociations avec le Mercosur. Avec notamment la FGTB wallonne, nous plaidons pour une alternative à la mondialisation sans entraves : le protectionnisme social, écologique et solidaire. Tandis que les multi-crises mettent en péril l’humanité, cette nouvelle guerre froide empêche l’Humanité de s’unir face aux dérèglements climatiques d’une part. De l’autre, elle aggrave les inégalités sociales, met en péril les droits des femmes et fait le lit des ethno-nationalismes et des intégrismes. Les pays européens devraient se positionner au-dessus de la mêlée, en indépendance totale vis-à-vis des États-Unis d’Amérique, de la Chine, de la Turquie, de la Russie et des pétromonarchies.

Nota bene : Retrouvez avec chaque éditorial, une illustration originale de notre amie Frédéricque Bigonville

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