L’annonce par le gouvernement MR-Engagés de renoncer aux extensions du tram de Liège a fait l’effet d’une bombe.

Sous prétexte de bonne gouvernance, c’est toute la métropole liégeoise, ses habitant-e-s, ses entreprises et ses usagers qui vont en payer le prix.

Sans rentrer dans les détails historiques des revirements des Engagés et du MR sur ce dossier et qui portent donc une lourde responsabilité dans le fiasco à venir, rappelons tout même quelques éléments factuels:

le Grand Liège est la première agglomération wallonne, la troisième de Belgique, avec plus de  600.000 habitant-e-s !

– l’agglomération a un besoin vital d’un transport structurant hautement capacitaire en fond de vallée (et pas que). Le réseau TEC est complètement saturé, les embouteillages sont légions, il est impératif de permettre à celles et ceux qui peuvent se passer de la voiture de prendre un transport collectif fiable et confortable,

– le Plan Urbain de Mobilité, adopté à l’échelle de l’agglomération, valide le tram sur son tracé long, afin, entre autres, de capter les usagers aux sorties d’autoroutes à Seraing et Herstal,

-le tram est bien plus qu’un moyen de transport. Il permet une requalification complète de l’espace public, de la mobilité et est un catalyseur de projets,

– un tram moderne et performant EST un marqueur de développement social, culturel, écologique ET économique,

– réduire l’usage de la voiture, c’est plus de sécurité, un environnement plus sain, une agglomération apaisée, un meilleur cadre de vie pour les habitant-e-s,

– et dans TOUS les cas, investir dans le transport public coûte bien moins cher qu’investir dans le transport individuel.

Renoncer au tram montre à quel point la majorité wallonne MR-Engagés se contrefiche de la population des grandes villes et des communes de leur périphérie.” nous répond Raphaël Pilette, membre du Mouvement Demain, candidat sur la liste Vert Ardent et spécialiste des questions d’aménagement du territoire et de mobilité.

Les grandes villes, c’est là que vit l’écrasante majorité de la population.

C’est là que de nombreux services sont rendus à l’ensemble de la population, que vous soyez citadins ou non.

Les habitant-e-s des centralités ne possèdent, pour une écrasante majorité, pas de véhicule individuel.

Multiplier les correspondances tram/bus est le meilleur moyen de décourager l’utilisation des transports publics. Qui donc pourrait croire une seconde que remplacer un réseau structurant tel un tram par des bus “revient au même” et serait même plus “efficace” selon les dires des fossoyeurs du tram? Allons. Un peu de sérieux. La capacité et la fiabilité sont radicalement différentes. Rabattre des lignes de bus sur un tram est une chose. Remplacer une partie d’une ligne de tram par des bus en est une autre.

Imaginez 310 personnes descendant du tram à Sclessin, attendre 7 minutes pour monter dans un bus de 120 places afin de rejoindre le P+R du pont de Seraing. Alors que le tram était censé continuer jusqu’au P+R. Qui peut croire une seconde que les automobilistes laisseront leur voiture au Pont de Seraing pour aller à Liège avec une tel bazar?

Et de nous dire que le tram n’est pas pertinent pour les extensions parce qu’il serait beaucoup trop capacitaire. C’est faux. Tout simplement faux. Le tram version longue est dimensionné pour capter les habitant-e-s de Jemeppe à Herstal ET les automobilistes aux sorties d’autoroutes! La ligne longue (entre Jemeppe et Basse Campagne) permet de rencontrer les objectifs FAST 2030 de la région wallonne en termes de report modal. Ce que ne permettra jamais une ligne courte prolongée par des bus.

Renoncer à ce projet est une catastrophe pour l’agglomération liégeoise et pour Liège, pour son cadre de vie, pour ses habitant-e-s et usagers, pour son économie.

Des fonds publics importants, en frais d’études et de travaux ont déjà été engagés, des fonds privés également. L’entreprise Galère, entreprise liégeoise, a investi de grosses sommes pour permettre le démarrage des travaux vers Herstal. De nombreux sous-traitants verront leurs commandes annulées. Du personnel embauché pour travailler sur ce projet se retrouvera au mieux en chômage économique.

De nombreux projets immobiliers, des implantations d’entreprise, des investissements en tout genre sont à l’étude le long du tracé du tram. Tout cela risque fort d’être perdu.

Quel gâchis.

Et Raphaël Pilette de conclure: “Que le MR, qui avait pourtant validé les extensions sous la précédente législature, et les Engagés, qui ont décidé de ces différentes phases prétextant que cela coûterait moins cher, ne viennent plus nous dire qu’ils défendent la ville et ses habitant-e-s, la preuve est faite que c’est faux.”

 

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