Le Mouvement Demain est alarmé par la situation actuelle de la protection civile. Ce service fédéral dépendant du Ministre de l’Intérieur le N-VA Jan Jambon, a été littéralement mis en pièces. Sur six casernes en Belgique à son arrivée, il n’en reste plus que deux, une à Brasschaat, la commune du Ministre, l’autre à Crisnée.
Alors que la fermeture de casernes devait s’accompagner d’un renforcement de l’activité sur ces sites par un regroupement du personnel, il n’en est rien (baisse de 35%). A Crisnée, la caserne compte aujourd’hui à peine 135 personnes (à la place du nouveau cadre de la PC 2.0 qui devrait compter 155 personnes) pour couvrir toute la Wallonie mais également une partie de la Flandre et Bruxelles. C’est intenable. Alors qu’il a déjà connu 5 changements d’horaires depuis le début de l’année, le personnel francophone est à bout. Le taux d’absence pour maladie a augmenté en flèche pour atteindre 20 pourcents.
Les moyens pour le fonctionnement manquent également. Récemment, une partie des véhicules d’intervention se sont retrouvés immobilisés pendant pas moins de 20 jours, la station de contrôle technique refusant l’accès pour défaut de paiement.
La réforme de 2014 que l’on doit à la Ministre Joelle Milquet a retiré une série de prérogatives à la protection civile pour les rediriger vers d’autres services (notamment les pompiers). La Flandre a compensé la quasi-disparition de la protection civile sur son territoire (il ne reste que 87 agents) en dotant davantage ses zones de secours. En Wallonie, les zones de secours ont également reçu des moyens complémentaires mais ceux-ci sont insuffisants et parfois mal utilisés. De fait, la protection civile a donc continué depuis 2014 de mener une série de missions cruciales mais sans être dotée en conséquence.
Il faut savoir que la protection civile est la seule à détenir certains équipements. Citons un poste de commandement mobile (dit PC Obs), un laboratoire mobile d’analyse très sophistiqué en cas de pollution chimique, mais également le matériel ad-hoc (combinaisons, pilules d’iode,…) en cas d’incident nucléaire, certaines nouvelles technologies (drones, robots,… ) et le matériel nécessaire en cas de désincarcération lourde. La protection civile est également sollicitée en cas d’attaque terroriste. Récemment, le personnel vient de refuser de participer à un exercice anti-terroriste international pour dénoncer l’incapacité matérielle d’agir dans laquelle il est placé, par manque de ressources humaines.
Certaines nuits, il reste à peine 6 personnes dans la caserne de Crisnée, dont 3 seulement susceptibles d’intervenir sur le terrain, et ce pour couvrir un territoire équivalent aux deux tiers du pays. Peut-on seulement imaginer ce qui se passerait en cas d’incident nucléaire ou chimique d’importance ? Pensons également que la Wallonie, et plus particulièrement Liège, est l’endroit le plus fréquenté d’Europe en termes de trafic routier mais également aérien ce qui fait un risque accru d’incident. C’est notre sécurité à toutes et tous qui est gravement menacée.
Face à l’abandon (si pas au détricotage systématique et volontaire) du Fédéral, le Mouvement Demain soutient les revendications des syndicats de la protection civile qui refusent le démantèlement de l’outil.
A défaut de pouvoir préserver un service public au niveau Fédéral, ce qui était pourtant à la base une bonne chose, nous proposons que notre Région prenne ses responsabilités et réclame une régionalisation de ce service avant qu’il n’ait été totalement démantelé.
Tout en rappelant que la protection civile dispose de matériel et de compétences uniques, tout en estimant qu’il convient de conserver à l’échelle de la Région (éventuellement avec celle de Bruxelles) ce service spécialisé dans les grandes catastrophes et les interventions de grande ampleur, nous estimons par ailleurs qu’il convient également d’organiser de meilleures synergies avec les autres services des de secours (notamment les pompiers), ainsi qu’avec les services des pays limitrophes.
Enfin, si en dernier ressort nous proposons la voie de la régionalisation, c’est bien pour mieux financer et organiser cet outil de service à la population essentiel. C’est pourquoi il s’agit également de réouvrir une caserne dans le Hainaut, qui ne possède plus la moindre caserne alors qu’un grand nombre de sites à risque s’y trouvent. L’absence de caserne en province du Luxembourg conduit également à des situations ubuesques. Ce sont par exemple des agents de Crisnée qui sont chargés de se rendre jusqu’à Virton pour procéder à la désinfection et à la décontamination du site d’autopsie, du matériel vétérinaire et de tous les véhicules impliqués de près ou de loin dans ces missions, après l’abattage par la DNF des sangliers (35.000 à ce jour) dans la zone contaminée. Y réouvrir une caserne aurait également tout son sens.