Le ministre en charge de la SNCB, Georges Gilkinet, a beau expliquer que l’on va engager 666 conducteurs et accompagnateurs supplémentaires, supprimer (en net) plus de 1100 équivalents temps plein à la SNCB d’ici 2032 comme le prévoit le nouveau plan de gestion est une hérésie totale quand on sait à quel point le (re)déploiement de cette entreprise publique est essentiel à l’heure du réchauffement climatique.
La SNCB ne sera pas au rendez-vous de la transition juste si elle supprime autant d’emplois alors que les syndicats indiquent au contraire qu’il en manque déjà 4000 pour fonctionner correctement.
Nous avons un urgent besoin de davantage de personnel, également dans les ateliers pour avoir moins de trains en panne, dans l’entretien des voies et de toutes les infrastructures pour éviter les retards croissants rencontrés en raison d’incidents techniques, dans les gares où les files interminables aux rares guichets ouverts constituent un véritable repoussoir, et demain m^me dans de nouvelles (petites) gares qu’il faut absolument rouvrir pour améliorer le maillage du réseau de chemins de fer, dans la gestion de futurs trains de nuit que nous devrions développer sans tout miser sur des opérateurs privés étrangers. Le contrat de gestion présenté ce mercredi 15 juin ouvre, à l’opposé de cette vision, la voie à une augmentation de la sous-traitance, c’est-à-dire à la privatisation d’une série de tâches aujourd’hui accomplies par des agents de la SNCB et d’Infrabel. L’exemple britannique montre pourtant à quel point cette option est une impasse.
L’énorme non-dit dans ce qui se passe depuis de (trop) nombreuses années, c’est combien la libéralisation du secteur fragilise notre capacité à développer un opérateur public fort, à même de penser le temps long, d’investir dans le réseau sans se voir tailler des croupières par des acteurs privés sur certains secteurs plus rentables.
Celles et ceux qui entendent proposer une véritable alternative au mur climatique qui se dresse devant nous, seraient vraiment bien inspirés de le dire sans fard plutôt que de défendre un plan sur dix ans qui n’est ni socialement, ni écologiquement à la hauteur des enjeux.
Une opinion de Pierre Eyben
Le « mur climatique » ???? désolé !
Le véritable enjeu c’est l’offre qui diminue (surtout dans les zones rurales) (comme pour tous les services publics qui coûtent de plus en plus cher pour des utilisateurs potentiels). On peut disserter 20 ans, les causes sont une main-mise du privé, une inflation des coûts pour augmenter les bénéfices, les pots-de-vin, les « cachets » des mille-feuilles structurels (ministères, régions, intercommunales, etc), les emprunts qui augmentent la dette publique illégitime et donc le « système » global occidental de la privatisation du secteur public. Les conséquences sont un isolement des « provinces », un non/sous développement social, économique rural, et donc une paupérisation des populations où la misère engendre l’abêtissement et l’usage des drogues.
Plus urgent que la crainte que le ciel nous tombent sur la tête, une agriculture paysanne, un artisanat local oublié ou à réinventer non pas pour le tourisme mais pour activer des gens livrés à la démotivation, un enfermement social qui détruit ou invalide les personnes, seraient des résultats salvateurs, ici et maintenant, les initiatives sont malheureusement souvent « empêchées » ou « récupérées » aux fins d’étouffement. C’est ainsi que la désobéissance civile devrait reprendre du poil de la bête, avec l’aide de l’intelligence de systèmes locaux parallèles dans un esprit solidaire. C’est l’esprit du projet mycélium original, celui qui a été attaqué par les « autorités » et que je pousse depuis 15 ans, fatigué du manque d’initiatives individuelles d’un temps où les gens n’étaient pas éveillés, je rêve encore du temps où ces idées seront mises en oeuvre si des courageux le font leur.