Depuis plus d’une semaine, le débat sur la présence de PFAS dans l’eau potable fait la une de nos médias. Il semble désormais avéré que de nombreux responsables étaient informés de la situation et n’ont pas averti la population ce qui est une attitude proprement criminelle.

Les PFAS, ce sont les substances per- et poly-fluoroalkylées. Ces composés chimiques sont très nombreux (plus de 4700) et varient selon le nombre d’atomes de carbone qui les constituent. Plus ils contiennent de carbone et plus ils sont persistants dans l’environnement. Les PFAS sont des substances aux propriétés chimiques spécifiques qui expliquent leur utilisation dans de nombreux produits de la vie courante : vêtements techniques, mousses à incendie, emballages alimentaires, etc.

Depuis plusieurs années, certains PFAS ont attiré l’attention de scientifiques, d’ONG et d’autorités qui demandent une réglementation (voire leur interdiction pure et simple) en raison de leur toxicité et de leur caractère de polluant très persistant. En effet, plusieurs PFAS peuvent entraîner des problèmes de santé tels que des lésions hépatiques, des maladies thyroïdiennes, de l’obésité, des problèmes de fertilité, un affaiblissement du système immunitaire, et des cancers.

S’ils sont présents dans l’eau, on retrouve aussi des PFAS dans l’air, le sol, les pluies et dès-lors dans de nombreux  écosystèmes, ainsi que dans le sang de la population humaine et de la faune qui s’y sont trouvés exposés. Ils sont retrouvés sur toute la planète. 

Et pourtant, au niveau européen, il vient d’être décidé de ne pas interdire l’utilisation de ces substances dans l’industrie.   La Commission européenne a en effet décidé il y a quelques jours d’abandonner une proposition en ce sens qui figurait pourtant dans le Green Deal. Le motif ? La préservation de la compétitivité de l’UE à l’échelle mondiale. Rappelons-nous que M. Alexander De Croo a également prôné un ralentissement, une mise à l’arrêt de la progression des mesures environnementales en Belgique pour les mêmes raisons. Restera uniquement une norme (très insuffisante) sur un taux de pollution “acceptable”, et la responsabilité mise sur le seul dos des autorités publiques de la faire respecter.

Ce que cette décision européenne montre crûment, c’est que le problème est bien plus généralisé. Nos choix politiques (sanitaires, environnementaux, sociaux…) sont aujourd’hui totalement inféodés à des motifs économiques découlant de la dérégulation néolibérale. Notre logique industrielle repose sur des critères de rentabilité uniquement financière et les questions de santé publique y sont la portion congrue. Et enfin, l’absence de protectionnisme européen et la mise en concurrence au niveau mondial conduit à largement passer outre le principe de précaution. Cela nuit aussi aux autres parties du monde, l’Europe (Allemagne en tête) exportant en dehors de ses frontières quantité de produits prohibés sur notre sol en raison de leur dangerosité pour notre santé et notre environnement.

Au niveau wallon, il conviendra de faire toute la lumière sur d’éventuels manquements de la SWDE (et des autres sociétés de traitement de de distribution d’eau) ainsi que des responsables politiques wallons. Il conviendra également de mettre en place des mesures pour que l’eau de distribution soit traitée et les informations sur sa qualité rendues publiques. En somme, il va falloir faire un état des lieux exhaustif des eaux wallonnes et bruxelloises, pour s’assurer tant de la qualité de l’eau de distribution, que de la qualité même des milieux où sont effectués les captages. 

Si la responsabilité des pouvoirs publics est centrale pour protéger la population, nous ne voulons pas oublier que la responsabilité principale de ces pollutions incombe au monde de l’industrie. Il est plus que temps de changer toutes nos manières de produire, ce que le Mouvement Demain propose en défendant la bifurcation écologique de notre économie. A rebours de ce qui est fait aujourd’hui, la santé publique et plus globalement le bien-être de la population, ainsi que la préservation des écosystèmes doivent prédominer sur les logiques de profit. Au sein du monde du travail, il y a des énergies prêtes à prendre ce chemin.

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