Communiqué de la Régionale de Liège du Mouvement Demain

La Compagnie Financière de Neufcour SA souhaite rentabiliser un terrain de 35 hectares dont elle est propriétaire sur les hauteurs de Chênée en y faisant construire pas moins de 520 logements.

Ce projet aurait des conséquences catastrophiques sur la mobilité : le site est mal desservi par les transports en commun, ce qui conduirait à injecter chaque jour +/- 1000 voitures supplémentaires dans le centre de Chênée qui se meurt déjà sous la pression automobile.

Ce projet serait aussi une porte ouverte à l’urbanisation progressive de la majorité du site de 300 hectares dit du « Ry-Ponet », site qui constitue le plus intéressant poumon vert de l’agglomération.

La procédure d’enquête publique a été très lourde et le dossier a été rendu volontairement flou par le promoteur immobilier qui n’a également pas manqué de le « repeindre en vert ».

Une mobilisation citoyenne exemplaire a vu le jour, essentiellement portée par la plateforme Ry-Ponet. Si l’on excepte le combat contre l’extension du Palais de Justice, c’est une mobilisation sans précédent, puisque plus de 4700 personnes ont répondu à l’enquête, se sont opposées à ce projet, et maintiennent leur mobilisation.

Alors que la procédure de permis d’urbanisation ramène le dossier dans les mains du Collège Communal, le promoteur vient d’annoncer ce 5 septembre qu’il « retirait » son projet évitant de la sorte au Collège de devoir établir une décision argumentée, l’obligeant soit à affronter sa population toujours mobilisée, soit de refuser et enterrer définitivement le projet.

Dans son communiqué, le promoteur ne signale toutefois qu’une simple « suspension » et réitère ses mêmes argumentations agrémentées de quelques trompe-l’œil quant à ceux des opposants. Malgré une mobilisation d’opposition rarement connue, il se targue d’un projet « empreint des préoccupations des riverains et chênéens » et rappelle sa qualité de propriétaire quant à une éventuelle autre affectation des terrains. Enfin il signale qu’il souhaiterait à l’avenir recevoir un meilleur accueil dans un contexte apaisé.

La régionale de Liège du Mouvement Demain note que la multiplication des projets immobiliers de ce type prend sa source dans deux faiblesses structurelles de la ville auxquelles il convient de s’attaquer :

  • La première est un financement communal reposant trop sur les additionnels, notamment à l’IPP qui permet de faire contribuer davantage les habitants plus fortunés mais conduit la Ville à trop privilégier les projets de luxe pour renflouer ses finances.
  • La seconde est une carence de moyens et de stratégie foncière de la part de la Ville qui semble condamnée à adapter à la marge des projets privés au lieu de prendre des initiatives sur base d’une politique réfléchie à l’échelle de son territoire.

Il ne s’agit pas de condamner les projets privés par principe, mais de constater que ceux-ci relèvent d’objectifs de rentabilité qui ne sont pas forcément compatibles avec la qualité des projets et avec l’intérêt collectif, singulièrement quand il s’agit de lotissements importants.

Concernant ce dossier, nous ne pouvons que « regretter » les stratégies utilisées, peut-être concertées avec le Collège, lui évitant ainsi d’assumer son rôle d’arbitrage entre des intérêts privés et ceux de la collectivité, et lui octroyant « au passage » le temps de calmer quelques aléas de crédibilité ainsi que celui d’une campagne électorale qui pourrait lui être difficile.

Plus globalement quant à la politique d’urbanisation, nous formulons les propositions suivantes :

  • Que soit non seulement rejeté ce projet mais également étudiée la possibilité de voir l’ensemble du site du Ry-Ponet « sanctuarisé » sous forme de parc ou de réserve. La fin de l’étalement urbain et la préservation d’espaces verts (mieux aménagés) est un impératif pour rendre la ville plus agréable et attractive demain. C’est également une nécessité pour le retour progressif d’une ceinture alimentaire.
  • Qu’à l’avenir, la Ville prenne l’initiative d’organiser systématiquement (et dans des conditions de parfaite équité) des consultations populaires pour tous les projets de cette ampleur. Ces consultations sont l’occasion de passer des mots aux actes et d’aller vers un renouveau démocratique : informer pleinement la population, susciter un débat contradictoire entre partisans et opposants dans les médias publics, poser des questions simples lors de la consultation, et respecter l’avis donné par les citoyens.
  • Que la Ville se définisse une vision globale et établisse des politiques pertinentes et cohérentes autres que de saisir les opportunités de projets privés trop souvent éloignés de l’intérêt général de ses citoyens.
  • Que soit établi un cadastre des friches industrielles sur le territoire de la ville et qu’il soit systématiquement étudié la possibilité de les reconvertir en espace contenant du logement. A proximité du site Haïsses-Piedroux, nous pensons notamment aux sites « Cuivre et Zinc » et « Mio » mieux desservis en transports en commun.
  • Que soit enfin étudiée pour le centre-ville la possibilité de réaffecter massivement « les dessus de commerces inoccupés » à de l’habitat.
  • Qu’il soit affecté plus de moyens à la régie foncière, ainsi qu’à des partenariats avec les sociétés de logement social et l’agence immobilière sociale.

Quant à ce projet, ayant reçu une opposition bien plus large que celles des seuls riverains et chênéens, si même la prise de décision est maintenant reportée, nous pensons qu’il ne faut ni l’accepter, ni même l’amender mais le refuser.

Nous appelons dès lors le Collège Communal à entendre la population très largement mobilisée contre ce mauvais projet et à le rendre caduque, par exemple en décidant dès à présent d’une proposition alternative et profitable à l’ensemble des liégeois.

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