Les mesures de confinement ont sinistré le monde artistique et culturel qui n’a jusqu’ici pas bénéficié de la même empathie que les bars et restaurants.

La ministre de la Culture de la Communauté française a annoncé qu’elle allait “offrir des perpectives de déconfinement” au secteur. On peut craindre que celles-ci n’arrivent pas à “remplir le frigo des artistes”, ignorés par le système en place. La ministre dit aussi que « la culture est mue [sic] par des techniciens et artistes dont le statut dépend du fédéral ».

Elle s’adresse sans doute ainsi au ministre fédéral de la culture. Sauf qu’il n’y en a pas puisque la culture a été communautarisée (c-à-d coupée en rondelles) au siècle dernier. Ce fut même, avec l’éducation (anciennement nationale), le premier domaine à sortir des compétences fédérales (anciennement nationales). Comme on sait, les Communautés n’ont pas d’autonomie fiscale et vivent d’une dotation du gouvernement fédéral sur base d’une formule immuable (et, évidemment, pas favorable aux francophones). Le rôle des gouvernements communautaires consiste donc à déshabiller Pierre pour habiller Paul.

Si la ministre se tourne vers le niveau fédéral, c’est parce qu’elle n’est ministre que de la culture “sous contrat”. Un artiste sans contrat n’est plus un artiste, mais n’est pas pour autant au chômage; un très grand nombre d’artistes ne sont en effet pas salariés, ni même “indépendants”.

En l’occurrence, il n’y a pas d’autre issue favorable et durable pour les artistes que le gouvernement fédéral dépose un projet de loi spéciale pour augmenter les dotations aux Communautés, afin que Mme Linard puisse répartir l’argent entre tous ses artistes, aujourd’hui et pour toujours. Il faut donc que la majorité des députés flamands soit d’accord.

Les Flamands, par la fusion de leurs instances communautaire et régionale, disposent d’un moyen simple pour faire face à ce genre de situation par un ajustement budgétaire entre entités flamandes. Déjà que la majorité actuelle en Flandre, sous la conduite de la NVA a sabré dans les moyens de la culture sur son propre territoire, la trouvant « trop cosmopolite », « critique du nationalisme », « trop à gauche », etc, pourquoi voudrait-elle aider le fédéral, qui n’a plus de compétences culturelles, à subventionner les francophones? La majorité des Belges a inventé ce système politique dont on voit mieux chaque jour qu’il ne vise pas à traiter tous les Belges de la même façon. On peut s’en accommoder. Le Mouvement Demain s’y refuse.

Nous estimons que l’on ne sauvera pas la culture, ni les autres secteurs qu’elle gère, sans une réforme profonde donnant à notre communauté, la Fédération Wallonie-Bruxelles, les moyens financiers dont elle a besoin via les Régions, wallonne et bruxelloise, qui la composent.

 

Communiqué fédéral du 14 mai 2020

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