Il y a des choses auxquelles on ne s’habitue pas. Ainsi, depuis notre retour de la Zone Autonome du Nord et de l’Est de la Syrie, nous comptons les morts.


Nous nous en inquiétions déjà dans la carte blanche publiée lors des élections en Turquie : le maintien de Recep Tayyip Erdogan à la présidence ne pouvait avoir que des impacts sérieux sur la région.
Et ce qui devait arriver arriva. Depuis lors, les attaques par drones se sont multipliées. À l’heure actuelle, ce sont plus de 50 attaques ciblées qui ont eu lieu. Plus de 60 morts, dont des personnes que nous avons rencontrées lors de notre séjour. Lorsqu’on s’est rendu sur place, la loi du mort/kilomètre ne fonctionne plus.


Aujourd’hui, la coalition internationale annonce avoir abattu un drone militaire de type Bayraktar qui survolait une de ses bases près de Tall Baydar, dans le canton d’Hassaké. Ceci prend place dans le contexte de bombardements de cibles civiles, des infrastructures telles que les hôpitaux et les écoles, mais également des silos de céréales, des barrages, des puits de pétrole, des stations de pompage d’eau. Parmi les cibles, le camps de déplacés internes de Washokani, que nous avions visité en mars, et qui était déjà fortement impacté, à l’instar de toute l’agglomération d’Hassaké, par les réductions de flux de l’Euphrate et la pollution volontaire de ses affluents, tels que la rivière Khabour, dans laquelle les autorités des villes frontalières ou occupées par le régime Erdogan déversent leurs eaux sanitaires. Un de ces camps gérés par l’Administration Autonome, sans aide internationale, ou si peu, et où tentent de se reconstruire des familles qui ont fui Afrin et Serekaniye.

L’ensemble des attaques de ces dernières 24 heures a déjà fait 12 morts, on ignore encore le nombre de blessés.

Hakan Fidan, ministre turc des Affaires Etrangères, annonce que ce type d’attaque va se perpétuer et se renforcer, en représailles à l’attentat suicide ayant eu lieu à Ankara le 1er octobre et revendiqué par le PKK.
De leur côté, les représentants de l’Administration Autonome, à travers leur co-présidente Berivan Khaled, appellent la communauté internationale à empêcher de nouveaux massacres, et les Etats garants, USA et Russie, à prendre position afin de garantir la stabilité dans le Nord-Est de la Syrie.

À son échelle, le Mouvement Demain, tout en condamnant toute forme de recours à la violence et à la terreur, maintient sa vigilance quant aux événements dans cette région et sa volonté de mettre en lumière les attaques régulières dont sont victimes les civils dans les agglomérations de Qamishlo et d’Hassaké de la part du régime Erdogan.

Nous demandons au Gouvernement fédéral, ainsi qu’à l’Union européenne, de ne pas rester silencieux, de ne plus fermer les yeux et de condamner fermement ces attaques contre des civils.


Sources: Croissant Rouge, Kurdistan au féminin, contacts sur place.

Addendum: à l’heure où ce texte est achevé, les dernières nouvelles font état de nouveaux bombardements, notamment à proximité de la clinique cardiologique de Qamishlo.

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