La délégation d’élus locaux partie en Fédération du Nord et de l’Est de la Syrie, à l’initiative de David Dessers (Groen), Premier Échevin à Leuven, est depuis peu revenue en Belgique. Parmi eux, se trouvait deux élus de notre mouvement partis avec le soutien du Parti de la Gauche Européenne.
Le but de ce voyage était de découvrir la réalité quotidienne de cette zone autonome, entre la Syrie de Bachar Al-Assad, la Turquie de Recep Tayyip Erdogan, l’Irak et l’Iran des théocrates islamiques, où se développe une société basée sur des principes de pluriculturalisme, d’écologie, de solidarité et d’égalité entre femmes et hommes, dans des conditions géopolitiques, économiques, humanitaires plus que difficiles. En 5 jours sur place, les visites officielles mais surtout sur le terrain se sont succédées, afin de découvrir les nombreux projets qui émergent dans la région pour répondre aux besoins de la population.
Il est difficile, en quelques lignes, de décrire ces rencontres, ces paysages, ces visages, de dire le courage et la détermination de ces populations à construire l’alternative, à ne pas baisser les bras devant l’ampleur de la tâche, alors même qu’elles subissent des attaques de la part de l’Etat turc dans l’indifférence de la communauté internationale. Qu’il s’agisse des attaques par drônes, du recours à des mercenaires djihadistes dans la zone occupée d’Afrin ou de la guerre de l’eau qui touche notamment, dans les régions que nous avons visitées, Qamishlo et Hassaké, tout ceci semble se dérouler dans un silence assourdissant. Et, pour être tout à fait lucides, nous avons entendu, senti, l’usure qui pouvait à terme mener au découragement.
D’autant que les relations avec les autres voisins ne sont pas beaucoup plus faciles. Il y a l’embargo par la Syrie du régime de Bachar Al-Assad, et les relations fluctuantes avec l’autorité kurde irakienne. Seule porte d’entrée vers la Fédération du Nord et de l’Est de la Syrie : le couloir humanitaire situé en Kurdistan irakien. À l’heure où nous partions, trois ambulances destinées à l’hôpital public de Qamishlo restaient bloquées au poste frontière, et ce depuis plusieurs semaines. Si le dénuement n’est pas total, si la capacité de résilience est là, si le processus de mise en place d’une autre façon de faire société est toujours sur les rails, force est de dire que les conditions ne sont pas idéales, loin de là.
Et pourtant… Pourtant il faut voir Raqqa, ville martyre, rasée à 80% durant les combats contre l’ISIS, les murs – ceux encore debout – criblés d’impacts de balles, renaître de ses décombres sous la direction des conseils de quartiers, coordonnés par un tandem mayoral – tous les organes décisionnels et consultatifs sont paritaires et dirigés par un duo femme/homme – dont la locomotive nous a paru être la co-maire. La Place de l’Enfer, d’horrifique mémoire, où Daesh exécutait à tour de bras, exposant des têtes sur des piques, rebaptisée Place du Paradis et rendue à la population. Et le Parc Haroun Al-Rashid, autrefois dévasté par les fous de dieu, fréquenté par des femmes, des hommes, des enfants, comme une bouffée d’air frais parmi les traces encore visibles des combats, et le ballet incessant des chantiers de reconstruction.
Le silence doit donc cesser, et s’il est une minuscule pierre que nous pouvons amener à l’édifice, c’est celle de notre parole, celle du récit et de la transmission, ici, pour elles, pour eux, là-bas. C’est aussi un soutien concret, tangible, à certains projets qui nous ont été présentés lors de notre séjour. Comme le soutien à des coopératives paysannes, comme l’aide à la construction d’un réseau de distribution d’eau vers Hassaké, au financement de la construction de refuges pour femmes seules à Qamishlo.
Il y a tant à dire, et si peu de lignes pour le faire. Nous vous invitons à regarder le vlog réalisé tout au long de notre périple. Bientôt, nous prendrons la route pour donner des conférences dans le cadre d’À Contre-Courant, en collaboration avec l’Association Culturelle Joseph Jacqmotte. Les dates arrivent prochainement.
Bravo, belle utopie. Même si uniquement la moitié de ce que vous racontez est vrai, Même si il y a du machisme, des dominations, des vols, des haînes. Bravo. Notez-moi sur vos listes svp. Je ne peux plus me dépacer. Je n’irai malheureusment pas à Liège, ni ailleurs.
Prière d’écrire en noir et pas engris. j’éprouve beaucoup de difficultés à vous lire.
Outre que j’apprécie modérément d’être traitée de menteuse… Mais soit…
Notre vision est vertainement partielle. En une semaine on ne voit pas tout.
Le machisme ne peut être éliminé en coup de baguette magique. N’y en a-t-il pas encore dans nos société occidentales? Là, c’est une autre méthode, et 10 ans dans ce genre de processus, c’est court.
Pour le reste, même si je considère qu’il n’y a pas de nature humaine, il y a des fonctionnements qu’on apprend et finissent par nous sembler naturels. Oui, les dominations, les vols, les haines existent, dans tout groupe humain. Rien n’est parfait dans les fonctionnements de groupes humains, ni même dans les individus.
Nous parlons d’une révolution qui a à peine dix ans, de pratiques toujours en construction, de passifs à régler. Non, ce ne serz pas simple, encore moins dans les conditions actuelles.
Il n’en reste pas moins que ce processus est en route et qu’il est important de ne pas le perdre de vue.
Il est vain de constater et de ne rien pouvoir ou vouloir faire politiquement. En effet, les usa soutiennent le PKK et financent les djihadistes pour entretenir une poudrière visant à la fois la Syrie, l’Iran, l’Irak et la Turquie. La gauche (dont les écolos – puisque les écolos allemands soutiennent l’envoi d’armes en Ukraine plutôt qu’un traité de paix) qui soutiennent les usa et leurs folies meurtrières partout dans le monde sont complices des conséquences, vouloir traiter les symptômes sans se soucier des causes est hypocrite. La cause des causes ! Bref, je sais qu’il est vain de se positionner à contre-courant d’une tendance belliciste mais un chat est un chat. Si j’ai des idées sociales d’équité, de justice et d’écologie raisonnée mais radicale, je ne me reconnais pas dans les fondements de la gauche rouge/verte quand je constate les poltiques suivies tous azimuts en Europe. Hélas 1000 fois hélas….