En mai 2018, il était décidé de « plafonner » les salaires des top-managers de Nethys … à 266.000 € par an quand même.

Dans La Meuse, le 28 mai 2018, sous la plume de Luc Gochel, on pouvait alors lire ceci « Selon nos informations, Stéphane Moreau aurait finalement accepté plus facilement que d’autres que son salaire soit plafonné à 266.000 euros par an. Et ce, parce qu’il est un historique du groupe. Un de ses fondateurs… ».  Connaissant un peu l’ego surdimensionné du bonhomme, je me souviens avoir sévèrement tiqué à l’époque.

On a désormais la réponse. Elle est conforme à la pratique de prédation systématique de la direction de Nethys et de son manager. Au moment même où étaient annoncées publiquement et très médiatiquement ces baisses de salaire, le 22 mai 2018, 14,7 millions d’euros étaient en effet partagés en toute opacité entre les quatre principaux managers du groupe, Pol Heyse, Bénédicte Bayer, Diego Aquilina, et Stéphane Moreau, ce dernier se taillant la part du lion avec pas moins de 8,6 millions d’euros. Un an plus tard, le 21 mai 2019, Stéphane Moreau, Paul Heyse et Bénédicte Bayer se partageaient encore discrètement des bonus d’un montant total de 3,9 millions d’euros, dont 3 millions pour l’ancien responsable de la Fédération de Liège du PS et bourgmestre d’Ans.

Motif avancé pour justifier ces sommes ? Il s’agissait d’indemnités « de rétention », c’est à dire d’indemnités supposées nécessaires pour éviter le départ des intéressés vers le privé. Le privé, c’est précisément à lui qu’à toute force, les mêmes tentaient pourtant de revendre ces outils publics, se positionnant au passage comme acquéreurs privés et futurs managers des structures revendues.

Ce que nous découvrons, quasi sans surprise mais pas sans un certain ébahissement devant les sommes concernées, c’est que la prétendue limitation des salaires des top managers de Nethys (et il conviendrait de regarder rapidement pour les autres sociétés publiques concernées), a en réalité été l’occasion pour son management d’escroquer à la collectivité 18,6 millions d’euros supplémentaires en un an, dont 11,6 millions pour le seul Stéphane Moreau.

Près de 3 ans après le début du scandale Publifin-Nethys, on attend toujours une condamnation publique ferme des hommes forts du PS. Par exemple de Jean-Claude Marcourt qui en janvier 2017 jugeait « inappropriée » la sortie de la cheffe de groupe PS à la Chambre Laurette Onkelinx réclamant « un pas de côté » au patron de Nethys et alors bourgmestre d’Ans Stéphane Moreau. Ou de Willy Demeyer qui le 2 mai 2017 déclarait « Je considère qu’il doit rester à la tête de Nethys, avec des conditions salariales revues. C’est un excellent patron ». Ou encore de Paul-Emile Mottard, l’ex-président socialiste du conseil d’administration de Publifin qui réclamait une exception au plafond des rémunérations de 245.000 euros brut/an pour les dirigeants de Nethys.

Ce scandale et ses incessants rebondissements, dont ce dernier révélé par le journal Le Soir, il faut dire avec force que c’est avant tout le scandale de celles et ceux qui ont fait le choix de soutenir Stéphane Moreau quand il était déjà clair pourtant qu’il n’avait rien d’un début de commencement de socialiste. C’est celui de ceux qui continuent de se taire aujourd’hui.

Une opinion de Pierre Eyben

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