Voici un an que la Russie lançait son agression militaire à l’encontre de l’Ukraine. La rhétorique des dirigeants russes actuels est de plus en plus limpide : la Russie est dans une logique impérialiste, et l’impérialisme russe n’est pas plus souhaitable que l’impérialisme américain.

En cette triste date anniversaire, nous avons en premier une pensée pour les centaines de milliers de vies brisées ou perdues dans cette guerre atroce, des Ukrainiens d’abord, mais également des Russes dont beaucoup enrôlés de force dans une guerre dont ils ne veulent pas. “La guerre, un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas.” écrivait Paul Valéry.

C’est pourquoi il est essentiel de trouver les moyens de mettre fin à cette boucherie et de trouver les termes d’une paix juste. Cela signifie que les troupes russes doivent quitter le territoire ukrainien, comme vient de le réclamer l’ONU. Tout le territoire ukrainien. Mais cela signifie aussi que le pouvoir politique ukrainien doit permettre aux nombreux russophones qui habitent ce pays (et sont majoritaires dans certaines régions) d’être respectés dans leur identité, et donc aussi dans leur langue et leur culture. La résistance ukrainienne est héroïque mais elle ne doit pas faire oublier les violations démocratiques importantes qui ont émaillé le pays avant le conflit, et les brimades réelles subies par certaines populations. L’Ukraine libre de demain devra aussi être une Ukraine plus démocratique et pluriculturelle.  

C’est pourquoi le Mouvement Demain soutient fermement les demandes d’importants syndicats d’Europe de l’Ouest telle que la CGT de rétablir en Ukraine les droits sociaux, d’action collective, syndicaux et les dispositions réglementaires de l’OIT. Nous soutenons également la demande d’Human Rights Watch (HRW) d’appliquer l’interdiction de l’usage des mines terrestres antipersonnel, usage réalisé par les forces russes comme ukrainiennes, et celle d’Amnesty International de protéger mieux les populations civiles.

La paix ne se fera pas sans un rapport de force parce que c’est la seule chose que pourra entendre le régime russe. Mais “rapport de force” ne signifie pas “escalade militaire”. “On ne fait pas la guerre pour se débarrasser de la guerre.” écrivait Jean Jaurès. Ne soyons pas naïfs, en plus d’être une guerre d’agression contre l’Ukraine, ce conflit constitue également une guerre par procuration entre puissances. Or c’est une dimension dont on ne parle quasiment pas aujourd’hui. Ce conflit affaiblit la Russie, mais il affaiblit également l’Europe. Il a largement renforcé le rôle et la popularité de l’OTAN. Nous continuons de penser que cette organisation répond à des objectifs qui ne sont pas les nôtres, nous Européens, et que plusieurs de ses membres sont tout sauf recommandables. Nous pensons notamment au régime autocratique d’Erdogan en Turquie dont la dangerosité a déjà été, à de nombreuses reprises, dénoncée par le Mouvement Demain. C’est pourquoi l’Europe devrait se doter d’une stratégie propre en dehors de l’OTAN.

C’est pourquoi, plutôt que d’envoyer des armes et faire le jeu de l’escalade militaire, nous estimons notamment qu’il serait bien plus utile d’avoir des sanctions économiques réellement opérantes à l’encontre de la Russie. Que ce soit pour les énergies fossiles ou pour de nombreuses matières premières, nos pays sont inaudibles et peu conséquents car ils restent totalement dépendants. Ils ont en outre fait payer la facture des sanctions géopolitiques aux travailleurs et travailleuses, laissant les plus grandes sociétés capitalistes russes, européennes et américaines continuer à s’enrichir. Cette porosité et l’incohérence des sanctions, c’est notamment ce qui permet à la Russie de demeurer forte militairement. C’est pourquoi la logique de sobriété et de relocalisation économique que nous défendons comme écosocialistes est également une logique de paix. 

Le Mouvement Demain plaide pour des initiatives diplomatiques déterminées qui intègrent tous les acteurs et qui redonnent vie à l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe. L’OSCE serait chargée d’organiser une conférence paneuropéenne, sans ingérence américaine, pour mettre sur la table tous les conflits de frontières qui subsistent sur le continent, principalement mais pas seulement suite à la disparition de l’Union soviétique. 

Nous estimons également que la Belgique et les pays européens doivent répondre positivement aux appels pour la paix du secrétaire général de l’ONU qui a, avec d’autres, appelé à la création d’un groupe de contact pour la paix sous l’égide de l’ONU. Créons un groupe de pays s’engageant en faveur de la paix et pour un désarmement global et multilatéral.

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